Retour en ville

Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'il n'était pas revenu en ville, ou tout du moins dans Dundorma. Il avait parcouru les déserts, les marais, les forêts et même les volcans, se reposant dans les villages ou bien à la belle étoile. Cependant il gardait toujours un air de désinvolture, comme si tout ce qu'il avait fait jusqu'à présent n'avait été qu'un parcours de santé. Ce qui en soit était le cas pour l'homme entraîné, musclé et endurci par la vie -qui bien qu'encore courte ne l'avait pas toujours épargnée-. Mais de sa liberté encore assez récente, il voulait en profiter. Plus mature et serein, il abordait une vie en redécouvrant chaque jour des petits plaisirs. Loin d'être niais et naïf, il prenait surtout plus son temps pour un quotidien qui lui avait manqué durant son séjour en prison. Dorénavant il avait pris ses marques en tant que chasseur, la chasse ne lui était pas inconnue mais la Guilde ne pouvait pas non plus le faire passer en haut rang sous prétexte qu'il avait braconné. Il avait rencontré quelques chasseurs par-ci par-là, et prenait plaisir à chasser en groupe.
— Bon on se voit plus tard Gladio ! C'était sympa comme chasse, affirma l'un des chasseurs qui l'avait accompagné jusqu'à Dundorma, j'espère qu'on remettra ça !
Il acquiesça avec un signe de main et un sourire avant de lui tourner le dos et de traverser les rues de la ville. Elle ressemblait à une grande forteresse, notamment par les grands murs s'élevant tout autours des bâtiments afin de les protéger de l'attaque de monstre sauvage. Les rues étaient larges, vivantes avec des Hommes, des wyvériens et des monstres marchant tous côtes à côtes. Il n'y avait pas encore autant de monstres que d'humains dû au fait qu'établir un lien parmi tous les monstres relevait d'une probabilité pratiquement nul, cependant toutes sortes de monstres se côtoyaient, parfois ils se grognaient dessus, jouaient ensemble, d'autrefois ils s'ignoraient tout simplement. Les commerçants tentaient vainement de protéger leurs marchandises de quelques monstres chapardeurs et demandaient réparation aux êtres humains. C'était bruyant, plus que ce dont il avait l'habitude, seulement la civilisation lui faisait du bien, lui qui venait de passer des semaines à chasser divers monstres, à récolter ce qu'il trouvait et ce qu'il connaissait. La survie était quelque chose qu'il aimait bien, c'était son plaisir, le camping, dormir à la belle étoile, faire un feu de camp pour réchauffer le poisson, les viandes et les herbes. Une grande partie de sa caravane lui permettait d'ailleurs de vivre un long moment à l'extérieur, entre les réchauds, les vêtements, de quoi dormir, boire, se laver très rapidement... Une autre partie servait pour la chasse avec ses différentes grandes épées et armures, de quoi se soigner, et ainsi de suite. Il avait réussi à optimiser la petite caravane pour en faire un lieu de stockage et confortable.

— La patronne n'est pas là aujourd'hui, demanda Gladio, elle qui ne manque jamais de forger des armes et armures.
— Aria est partie faire une petite chasse ce matin afin de ramener plus de matériaux, précisa l'apprenti forgeron, je vais vous débarrasser de ça.
— Elle ne s'arrête jamais décidément, s'amusa le chasseur tatoué, quand est-ce que je pourrai venir la chercher ? Il y en a un qui a très hâte de voir ce que ça peut donner.
Son pouce désigna un léviathan qui se tenait à l'entrée de la forge, légèrement distant par rapport à toute cette chaleur, l'apprenti se pencha pour pouvoir voir l'animal et sourit en prenant le sac pour y noter le nom du chasseur. Ce dernier quitta ensuite l'endroit à la température bouillante pour rejoindre celle plus agréable des rues de Dundorma. Un glapissement content l'accompagna en même temps et la main du chasseur flatta tranquillement l'encolure du mizutsune qui se tenait à ses côtés.
— Allez Goyave, retourne à la caravane, je n'ai pas spécialement envie qu'on me dérobe tout mon matériel de camping !
Le dénommé Goyave rechigna légèrement avec quelques grognements et un air boudeur : ses nageoires prenant une légère teinte rougeâtre, mais accepta tout de même de retourner protéger les précieux de Gladiolus. Puis si on lui volait ses réchauds et autre pour faire un feu, qui pourrait cuire les poissons si délicieux à la chair fumée ? Le mizutsune s'empressa de retourner à la caravane, là où les promesses de nourriture cuite et chaude se trouvaient.

— Alors quelles sont les nouvelles en ville aujourd'hui ?
Après avoir pris un tabouret au bar de l'auberge, il le questionna comme à son habitude, et refusa aussi l'alcool comme à son habitude, préférant de la bonne eau fraîche. Les fumées et l'alcool n'allaient clairement pas avec son mode de vie et cela ne l'intéressait pas plus que ça, il préférait boire avec des amis de temps à autres, mais pas assez pour être malade ou complètement délirant. Il était déjà un vieillard buvant juste comme ça de temps en temps... Ah les années passaient si vite.
— Oh rien de particulier tu sais, il y a parfois des monstres qui s'approchent, tout est calme maintenant, la Guilde et la Wycadémie n'ont rien de particulier non plus. Toujours des quêtes urgentes, continua l'aubergiste, mais jamais rien de vraiment terrifiant. C'est un peu calme si tu veux mon avis mon cher Gladio.
Le chasseur était toujours surpris de voir que l'aubergiste se rappelait de son prénom, mais soit, c'était comme ça. Il se retourna alors dos au comptoir pour faire face à la salle qui malgré l'heure abritait toujours des poivrots, des chasseurs qui revenaient de chasse et qui lapidaient leur argent dans la boisson mais aussi d'autres citoyens se lamentant sur leur regret ou des gens vraiment malade, alcooliques ne pouvant s'en sortir.
— Que serait une auberge sans sa clientèle, s'amusa Gladiolus en buvant son verre d'eau bien fraîche.

L'ambiance à l'auberge était animée, comme toujours. Quel que soit l'heure, il y avait toujours quelqu'un pour venir s'installer, que ce soit pour boire jusqu'à plus soif ou pour prendre un repas. Quatre ans, c'était long, très long, alors que généralement les gens louaient plutôt pour des jours, semaines, quelques fois pour un ou deux mois. Mais quel patron ne voudrait pas d'une jeune étudiante discrète, qui payait toujours à temps, qui s'occupait de nettoyer elle-même sa chambre et qui en plus consommait régulièrement sur place ? Écho aurait très bien pu travailler seule dans sa chambre, mais préférait largement s'installer à une table pour lire ou écrire. Même si ça sentait les odeurs de cuisines et de boissons, qu'il y avait toujours un brouhaha, l'ambiance avait quelque chose de chaleureux. La gamine était assise sur une chaise en bois, sa tenue de pukei-pukei sur le dos, dans laquelle était encore prise quelques feuilles ou petits morceaux de plante. L'une de ses mains soutenait sa tête, et de l'autre, elle tenait les pages d'un livre légèrement épais, dont le contenu était couvert d'inscriptions et de schéma détaillés de corps d'insectes. Penchée sur son travail, elle recopiait et prenait des notes sur un carnet, sur lequel on avait du mal à trouver un bout de page blanche tellement les gribouillis en patte de mouche se tassaient.
Depuis le temps qu'elle louait une chambre ici, certains des piliers de comptoir la connaissait comme l'étudiante qui ne parlait jamais à personne ou qui ne répondait que par des « mh-mh » à chaque question posée. Et d'ailleurs, c'est pour éviter qu'on ne vienne lui poser des questions, ou lui faire des remarques, qu'elle portait sa capuche sur la tête, surtout dans ces moments, où il y avait beaucoup de monde.

Elle était assise sur une table contre le mur, légèrement vers le fond de la pièce. Mais pour autant, elle n'était pas seule sur sa grande table, en face d'elle s'était assis un homme barbu, affalé sur le bois devant ce qui devait être sa septième pinte d'alcool. Il hoquetait par intermittence, entre deux gorgées, et grommelait des morceaux de phrases avec une voix chargée. D'après ce que Écho avait vaguement entendu de ses lamentations, sa compagne était partie avec un autre homme et il n'avait pas beaucoup d'imagination pour les insultes vu qu'il marmonnait toujours la même. Parfois il s'adressait à elle avec un « t'es pas d'accord ? » auquel la jeune fille répondait d'un signe de tête affirmatif, pour ne pas le vexer. Considérant la population d'habitués de la boisson et des gens plus occasionnels venu se soûler un moment ou fêter quelque chose, cette situation n'avait rien de nouveau, accoutumée aux gens désinhibés dont cet endroit était le quartier général.
Dans un climat pareil, il ne se passait pas une semaine sans qu'une ou deux disputes ou bagarres n'éclatent... et encore, ce n'était pas des grosses bastons générales, heureusement, car les habitués savaient que le patron avait un sacré réseau de connaissances, qu'il utilisait pour retrouver les fautifs et leur faire payer les réparations lorsqu'il y avait de la casse.
Parfois, on sentait venir les altercations de loin, lorsque le ton grimpait entre deux personnes. Et d'autres fois, il suffisait d'une simple bousculade, et l'alcool conjugué à un tempérament chaud faisait le reste. Souvent cela offrait un spectacles aux autres, qui rigolaient jusqu'à ce qu'un serveur gros-bras vienne calmer la situation. Mais n'était-ce pas cela qui rendait l'endroit aussi vivant ?

Et aujourd'hui, l'étincelle vint d'un poivrot visiblement chargé qui marchait en titubant. Relevant légèrement la tête et le coin de sa capuche en entendant la voix grave de l'homme qui passait, Écho vit venir le problème, et par réflexe elle souleva le bouquin de la table, juste avant que l'homme ne rentre brusquement dedans, provocant un choc. La pinte de bière se renversa, ainsi que le verre de sirop de la jeune fille, qui déversa son liquide sucré sur son cahier. Bon au moins elle avait sauvé le livre de la bibliothèque... sinon bonjour l'amende pour rapporter un livre tâché de sirop collant. Par contre, elle pouvait dire au-revoir à son carnet et ses notes.
Le poivrot baragouina des excuses, mais le barbu qui se lamentait une seconde avant, en voyant son précieux alcool couler sur la table et par terre, se leva et attrapa l'autre par le col avec un geste bizarrement précis pour un type bourré.
– Eh toi, tu m'dois une bière !
– Grrblmva-te-faire-voir-toi, bredouilla l'autre.
Le barbu recula son poing, et essaya tant bien que mal d'envoyer un coup de poing dans le nez de l'autre, mais se rata superbement et perdit l'équilibre. Le poivrot en profita pour le pousser, et les deux hommes se mirent à se battre de manière ridicule en se cognant contre la table. Finalement, les deux finirent par se battre par terre comme des animaux aveugles.

– Excusez-moi messieurs, pourriez-vous aller vous battre quelques mètres plus loin s'il-vous-plaît ?
Écho s'était légèrement penchée vers les deux hommes, leur parlant très calmement avec sa jeune voix malgré la situation.
– De quoi tu t'mêle ? beugla le barbu. Dis ça à cette cervelle de petit pois !
– Tu m'traite de plante verte, là ? grogna l'autre.
La gamine de son côté, aurait sans doute mieux fait de se taire, mais ne pouvait pas laisser passer une fausse information.
– En réalité, les petits pois sont classés en tant que graines, et-
Visiblement agacé, le barbu se remit debout en s'aidant de la table, et attrapa la jeune fille par le nœuds de cravate de son armure, pour lui faire lever la tête, bien que ses yeux étaient encore masqués par la capuche.
– C'est quoi ton pr'blème l'intello ? Tu cherches à m'humilier ?
Comme bien souvent, Écho prit la question au pied de la lettre.
– Non ne vous inquiétez pas, vous vous en sortez très bien tout seul. Lâchez-moi, maintenant.
Pour toute réponse, l'alcoolo se mit à lui postillonner dessus en meuglant des phrases à moitié articulées, racontant globalement qu'il n'avait pas de leçon a recevoir de personne, que si elle continuait comme ça elle deviendrait comme son imbécile de femme qui l'avait quitté, que de toute façon il l'avait toujours trouvé moche, que le gars avec qui elle était partit n'était qu'une espèce de sale type, et bla bla bla. Écho attendait patiemment qu'il s'épuise tout seul, alors que dans le reste de l'auberge, les gens rigolaient ou encourageait l'autre poivrot à se remettre debout, chose qu'il essayait tant bien que mal de faire.

Entre la ville et la nature, Gladio préférait tout de même le grand air, le camping et la chasse. Il aimait bien passer en ville, histoire de voir du monde, lui qui était tout de même l'inverse d'un asocial. Mais la ville avait son lot de problème qui faisait qu'il préférait largement la nature et ses monstres. Il retournerait d'ailleurs bientôt hors de la ville, après être passé à la Guilde pour récupérer une quête. Alors qu'il discutait avec l'aubergiste, il se demandait quel quête il pourrait bien prendre cette fois pour débuter, puis où il se rendrait ensuite. Gladio avait l'habitude d'aller au grès des quêtes, il en prenait une, l'effectuait puis il continuait sa route en prenant d'autres quêtes. Il amassait des composants, des matériaux, de l'argent aussi qu'il utilisait pratiquement uniquement pour faire des armes et armures. Il ne revenait en ville que lorsque sa caravane était bien trop pleine pour pouvoir s'installer dedans et qu'elle commençait à être difficile à transporter. Tandis qu'il buvait tranquillement son eau, Gladio se demandait aussi s'il effectuerait une chasse ou plutôt une capture, les quêtes récoltes s'était très peu pour lui, sauf si c'était pour aider quelqu'un dans le besoin, qui avait besoin d'aide. Il ne rechignait jamais à aider les autres, mais s'il avait le choix et que c'était juste de la récolte pour la Wycadémie alors il préférait laisser ce genre de quêtes à d'autres. Non pas qu'il préférait la baston, seulement il ne se sentait pas toujours utile pour des objectifs de récoltes. Inconsciemment, il avait toujours ressenti le besoin d'être utile à quelqu'un, il avait besoin d'avoir confiance en lui et cette confiance passait par le nombre de personne qu'il pouvait protéger.

Alors qu'il avait terminé son verre depuis quelques minutes maintenant, et qu'il s'apprêtait à repartir loin de la ville, du grabuge se fit entendre au sein de l'auberge. Il s'agissait de deux personnes, fortement alcoolisés à la vu de leur visage rougit, de leurs manières brusques mais aussi par leurs paroles pratiquement délirantes. Lui aussi pouvait bien aimer boire un coup, ou en avoir envie, mais il ne comprenait vraiment pas les gens qui buvaient jusqu'à ce mettre dans des situations aussi ridicules. C'était l'un des problèmes des villes, villages et de tout endroit civilisé contenant des auberges ou taverne. C'était les alcooliques. Gladio en avait horreur -avec les gens se plaignant beaucoup trop-, ils causaient toujours des problèmes et impossible de les raisonner, lorsqu'ils commençaient à vouloir se battre on ne pouvait plus rien faire pour les calmer. Ce qu'il appréciait moyennement c'était aussi les encouragements d'autres, comme s'ils voulaient une baston. En fait, c'était sûrement le cas, ce qui désolait encore plus Gladio. Aller dans les auberges n'avait rien de bon, en dehors de vous dégoûter des gens pensa-t-il alors qu'il observait la scène.

Il n'avait pas prévu d'intervenir, cela concernait deux alcooliques, et il n'avait pas très envie d'avoir les deux sur les bras, seulement lorsque la gamine qui se tenait sur la même table que l'un des deux alcooliques fut prise à partie, le chasseur bondit de son tabouret. Ce n'est pas pour jouer au preux chevalier aidant la demoiselle en détresse, mais plutôt par mélange de réflexe et d'agacement. Il ne comprenait pas les autres qui encourageaient ce genre de comportement, notamment quand une personne n'ayant rien demandé était prise à parti comme tel. Alors, le chasseur fronça les sourcils, se tenant bien droit, prenant son air sévère, d'arzuros affamé même. Du haut de ses deux mètres, et taillé tout en muscle, Gladio avait de quoi faire peur même au plus intrépide des hommes. Il fallait dire qu'il avait tout de l'homme inquiétant, avec ses muscles, son air sévère et ses cicatrices, ainsi que sa grand épée.
Il se rapprocha, le pas lourd, et une fois à la hauteur de celui qui soulevait la petite, il posa sa main dessus.

— T'veux quoi toi ?!
L'haleine pleine d'alcool parvint au visage du chasseur qui réprima la moue de dégoût. Il avait vraiment horreur des alcooliques. Il raffermit sa poigne, son regard se fit plus insistant et il demanda d'une voix ferme et dure à ce qu'il lâche la fille. Mais déjà l'homme n'écoutait plus, il avait relâché la jeune fille pour mieux tenter de frapper Gladio qui n'eut qu'à faire un petit pas sur le côté pour l'esquiver. Il avait vu le coup venir à l'instant même où il avait prononcé sa phrase. Il avait été très prévisible mais il fallait aussi dire que Gladiolus s'était entraîné à pouvoir prévoir de nombreux événements, puis les alcooliques se battaient toujours de la même façon. Ils tentaient vainement de prendre de l'élan en mettant leur poing loin derrière eux, puis ils faisaient basculer tout leur corps dans l'espoir de taper. Ou bien ils joignaient leurs mains sur le haut de leur crâne et essayaient de les abattre comme s'ils coupaient des bûchettes.
Dans tous les cas, la force du chasseur et ses deux mètres de hauteur finirent par calmer le jeu, les deux poivrots retournèrent chercher leur liqueur sans un mot, et en subissant l'agacement du patron qui les disputa copieusement.
Après cela, Gladio se retourna vers la jeune femme, il avait arboré son sourire habituel et ne faisait plus vraiment autant peur que tantôt bien que sa carrure restait imposante.
— Tout va bien, demanda le chasseur, il ne t'a rien fait ?
Son regard ambre se porta sur la table pour y constater les dégâts, il tira le livre dont les pages gouttaient d'un liquide sucré. Si l'eau, et certaines infusions pouvaient être récupérées il n'était pas certain qu'éponger ça fonctionne réellement.
— Arf, je ne sais pas si c'est récupérable, besoin d'aide pour essayer de réparer tout ça ou bien ça ira tout de même, proposa-t-il.
Au-delà de son apparence, Gladio était plus cultivé et conservait des livres dans sa caravane pour lire lorsque les trajets étaient longs et qu'il prenait du repos. Ce n'était pas non plus de l'ordre des membres de la Wycadémie ou de la Guilde, mais il aimait bien lire, pas autant que le camping tout de même.

Écho avait remis sa cravate d'aplomb au moment ou le type bourré l'avait lâchée pour s'intéresser à l'autre type qui l'avait abordé. Bien sur, en bon alcoolo qu'il était, il tenta bêtement de répondre avec ses poings, et quand les alcoolos faisaient ça, cela donnait toujours une scène à la fois ridicule et comique ou ils finissaient soit par cuver en embrassant le sol, soit par repartir chercher de nouvelles munitions de bière. Cette fois ce fut plutôt la seconde solution, bien que la patron ne manqua pas de leur donner une petite leçon de conduite. Qu'ils auront peut-être oublié le lendemain, mais dans ce cas, leur gueule de bois se chargera de leur faire regretter leur actions.
Quoi qu'il en soit, la jeune fille était bien contente de ne plus avoir à subir les lamentation et l'haleine de son collègue de table, et que quelqu'un ait enfin daigné réagir pour stopper la situation au lieu de rester à regarder ou à glousser dans son coin. Et en plus l'homme qui était intervenu lui demandait si tout allait bien ? C'était plutôt rare, mais si jamais ce n'était que pure politesse. Écho passa le dos de sa main sur sa joue, en se tournant pour attraper le carnet collant et essayer de décoller les pages... mais sans les déchirer, c'était mission impossible. Elle redressa machinalement la pinte et le verre sur la table, tout en haussant légèrement les épaules.
– Non rien, il m'a juste postillonné dessus...
Ce n'était pas bien poli de s'adresser à quelqu'un en gardant sa capuche sur la tête, alors tout en parlant, elle attrapa les deux côtés pour la rabattre derrière ses épaules.
– Ça ira, j'en ai plein des comme ça. Et puis j'ai déjà eu pire, une fois un vieux a rendu tout son repas sur...
Jusqu'ici sa capuche l'avait empêché de bien voir, alors en la retirant, elle dû lever complètement le nez pour réussir à voir son interlocuteur. Il était, genre... immense ? Est-ce qu'il pourrait toucher les poutres du plafond juste en levant le bras ? Ce fut la première question qui lui traversa l'esprit. Si bien qu'elle ne termina pas la phrase qu'elle avait commencé. Et d'ailleurs l'épaisseur de ses bras n'avait rien à envier aux poutres, il était encore plus baraqué que les gars qui trimbalaient des sacs et des caisses tous les jours sur les marchés.
– Tu es vraiment super musclé ! annonça t-elle comme s'il s'agissait de la chose la plus incroyable qu'elle ait jamais vue.

Avec son épée gigantesque et ses cicatrices, il ressemblait vraiment à un chasseur. D'habitude les gens de ce genre étaient plutôt bourru et semblaient toujours énervés, mais puisqu'il était venu calmer les deux poivrots, alors il était sans doute plus sympathique que ceux qu'elle avait pu rencontrer. Peut-être. Sa mère avait toujours le même commentaire sur ceux qui avaient des tatouages, comme quoi c'était « mauvais genre » ou quelque chose comme ça. Écho n'avait jamais vraiment comprit ce qu'elle voulait dire par là, et restait sur sa première impression. Et puisqu'il proposait si gentiment de l'aide... Rien ne coûtait de demander, n'est-ce pas ?
– … par contre, tu pourrais m'aider à autre chose ? Il faut que je rende une étude sur la mandragore rouge, le problème c'est que ce sont des champignons qui ne poussent qu'en dehors de la lumière, et difficiles à trouver. La semaine dernière j'ai repéré une grotte dans la forêt qui en contenait, le problème c'est que toute la zone est habitée par une meute de Maccaos. Ils sont trop nombreux pour moi, mais pour toi, ça te prendrait même pas cinq minutes de les faire fuir. Qu'est-ce que tu en dis ? C'est juste à une trentaine de minutes de marche.

La plupart des chasseurs étaient payés pour abattre des gros monstres, ils n'allaient pas perdre leur temps et encore moins leur énergie à aller jouer les jardiniers en forêt alors que d'autres en bas de l'échelle s'en chargeaient déjà. Alors dès qu'elle avait un problème de monstre, il fallait soit attendre qu'il soit résout par une quête de la Guilde, soit que Jojo vienne s'en charger... à supposer qu'il ne soit pas occupé à manger. Mais puisque ce dernier n'écoutait pas, Écho insista un peu plus auprès du chasseur maintenant qu'il était là.
– Je sais que ça n'a pas l'air excitant pour un chasseur de ta trempe, mais si on rencontre un gros monstre tu pourra garder tout les matériaux que tu veux. Et puis tu aidera à faire progresser la science, et ça, c'est génial non ?
Elle n'avait aucune idée de si ses arguments étaient réellement efficaces ou même pertinents, mais qui ne tente rien n'a rien. Elle le fixa quelques secondes, et rassembla le livre et les affaires qui traînaient sur la table d'un geste.
– Alors ? Si tu es d'accord on peut se retrouver à l'extérieur de la ville ?

Au moins elle semblait aller bien comme elle le disait, peut-être juste un peu secouée par le fait d'être prise comme ça par le col, ce n'était clairement pas une expérience agréable, il le savait bien puisqu'il lui arrivait de faire la même chose avec des chasseurs vraiment trop agaçants.
— Bon c'est pas agréable de se faire postillonner dessus mais s'il n'y a que ça, c'est déjà ça, ça aurait pu être pire.
Il n'avait pas de tissu sous la main, et ne put donc pas lui en proposer, il resta donc debout à côté d'elle, croisant parfois les bras, observant les autres pour savoir s'ils s'apprêtaient à faire quelque chose d’insensé. Il fallait toujours se méfier dans les endroits avec de l'alcool tant ça pouvait partir rapidement, c'était toujours surprenant en un sens d'ailleurs : tout était calme et soudain une tempête s'abattait. Pire que les tornades d'un Kushala.

Un air de dégoût s'empara de Gladiolus lorsqu'elle commença à lui parler d'une fois précédente ou un individu avait vomi son repas, sur l'un de ses livres pensa-t-il alors qu'elle ne termina pas sa phrase. Déjà que leur haleine et leur odeur corporelle empestant l'alcool ce n'était pas agréable, il n'osait même pas imaginer ce que donnerait le tout recraché. Il en fronça les sourcils rien qu'en y pensant.

Le chasseur fut quelque peu surpris par l'apparence de la jeune fille -qu'il voyait vraiment comme une toute jeune enfant- lorsque sa capuche fut retirée : il s'agissait de la première fois qu'il voyait une personne albinos. Il avait déjà rencontré des monstres avec cette pigmentation -ou plutôt son absence- particulière, mais il n'avait encore jamais rencontré d'humain comme cela. Cependant, il se garda bien de faire une quelconque réflexion, cela ne servait à rien et ils venaient tout juste de se rencontrer, ce n'était quand même pas la chose à dire sans se connaître.
Gladio se demanda aussi ce qu'une enfant faisait ici, dans une auberge remplit d'alcoolique, il comprenait le fait qu'elle gardait sa capuche même à l'intérieur du coup. Sûrement pour ne pas se faire ennuyer par quelques gars bien trempés par la boisson. Ce genre de lieu ne correspondait pas à quelques érudits trouvait le chasseur, ou bien le soir pour se détendre de la journée mais voir quelqu'un travailler ici, dans ce genre de lieu, avec des livres c'était tout de même déroutant. Mais après tout, il voyait de tout et qui était-il pour être un moralisateur et un donneur de leçon ? Surtout lui qui avait braconné et fait de la prison ? Puis peut-être qu'il ne s'agissait pas d'une enfant non plus.

— Merci, répondit le chasseur en s'amusant de la situation.
Ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait la remarque, il n'avait jamais été embarrassé ou gêné qu'on lui fasse la réflexion. Il s'était toujours entraîné pour forger son corps et son esprit, partant se battre contre des monstres dangereux pour pouvoir s'assurer d'être à la hauteur afin de pouvoir protéger ses compagnons de chasse. Il avait appris à être fort pour protéger sa fratrie, et la voie de la chasse avait toute tracé au final, une évidence pour cet homme qui gâté par la nature faisait pratiquement deux mètres. Il avait été chanceux dans ce qu'on lui avait donné, mais il avait aussi appris à faire avec et à se muscler, sans quoi il aurait sûrement souffert de terribles maux de dos à cause de sa taille et de son poids lié à sa hauteur. Après, Gladio n'était pas non plus du genre à s'exhiber volontairement, il n'était pas spécialement prétentieux ou imbu de lui-même après tout. C'était juste un chasseur aimant la nature, et grimper des falaises permettaient tout de même d'avoir un bon entraînement.

Lorsqu'elle lui demanda de l'aide, il acquiesça, lui ne refusait jamais d'apporter son aide, puis de toute manière il pensait déjà quitter la grande ville pour rejoindre les terres sauvages. À quoi bon dire non alors ?
— Ouais bien sûr, confirma le chasseur, je vais t'aider je comptais quitter la ville et repartir de toute manière. Et comment ça un chasseur de ma trempe ? C'est flatteur mais je viens seulement de m'y mettre, puis je dis jamais non à une petite chasse.
Il sourit de plus belle comme à son habitude, toujours positif et de bonne humeur. Gladio était toujours de bonne humeur, ou du moins la plupart du temps. Lorsqu'il n'était pas de bonne humeur, il faisait de son mieux pour relativiser et s'y efforcer, après tout il n'appréciait guère subir les agacements des autres sauf s'ils étaient justifiés alors il ne voyait pas pourquoi il ferait subir sa mauvaise humeur comme ça. Il était un bon vivant après tout, appréciant les choses simples, sans prise de tête, c'était aussi pour ça qu'il repassait rarement en ville, il y avait toujours des histoires.
— On se retrouve à l'extérieur oui, au fait je m'appelle Gladio, se présenta-t-il, je vais chercher la caravane et je te retrouve devant les portes menant à la forêt ?

Gladio s'apprêta alors à partir, afin de retourner voir Goyave et de récupérer la caravane, il n'allait tout de même pas partir sans, il avait tout son matériel de camping, son matériel de chasse... Hors de question de laisser ça là.
Il se demanda aussi s'il y aurait un grand monstre, et de quel rang car des monstres puissants pouvaient être présent partout et de tout temps. Il fallait toujours être préparé au pire.

Écho eu presque du mal à y croire, le chasseur venait d'accepter sans même rechigner. Ça serait beaucoup moins stressant d'être en forêt avec un chasseur qui savait se battre. Même s'il disait qu'il était encore un débutant, ou qu'il n'avait pas l'expérience d'un vétéran, être deux était toujours plus rassurant. Elle était même très contente qu'il ne demande pas une compensation monétaire, elle n'aurait jamais pu sortir de l'argent avec sa subvention d'étudiante.
– Super, à toute a l'heure alors !
Elle rassembla son livre, son carnet tout collant, et alla grimper deux à deux les marches de l'escalier en bois qui menait à l'étage des chambres... et se rendant compte qu'elle avait oublié de se présenter, il faudra corriger ça. La chambre qu'elle louait, la dernière au fond du couloir, ne payait pas de mine mais avait le confort minimum. Il y avait là quatre ans de travail, des livres, des échantillons dans des petites boites en verre, des papiers, mais tout était organisé et à peu près rangé. Ici, elle posa ses affaires, et se prépara à sortir. Son armuré déjà enfilée, elle eu juste à vérifier ses stocks de munitions, d'objets, et d'attraper son fusarbalète léger. L'arme sur l'épaule, elle verrouilla sa chambre et dévala les escaliers sans attendre. On ne savait jamais... bien qu'elle espérait ne surtout pas tomber sur un gros monstre.

Ce fut avec certain enthousiasme que la jeune fille se rendit au point de rendez-vous, à la sortie de l'a ville qui donnait sur la forêt. Elle avait un doute, mais... non, il était vraiment là, il était venu exactement comme il l'avait dit. Super, elle pourrait enfin boucler son étude sur ces champignons madragores rouges. Se baser sur des livres c'était bien, mais les observer dans nature et avoir des échantillons à prélever, c'était encore mieux.
Mais en voyant le chasseur l'attendre, ce qu'elle vit en priorité fut le monstre qui l'accompagnait. Il avait un collier avec l'insigne de la Guilde, dont pas de doute, il s'agissait de son monstre. Écho oublia totalement de se présenter, tellement le monstre présent accaparait toute son attention.
– Ouah ! Tu as un Mizutsune comme ami ! Il est magnifique, il a un nom ? Il a quel âge ?
C'était tellement rare qu'elle puisse observer un gros monstre d'aussi prêt. Comme elle ne connaissait aucun chasseur, ou jamais assez pour savoir s'il était lié avec un monstre et encore moins pour demander si elle pouvait l'examiner. D'après la caravane, il devait vivre sur les routes, et se balader avec son ami monstre devait être une belle aventure... plein de questions lui vinrent à l'esprit, mais aucune ne franchit ses lèvres. Bombarder un inconnu de questions risquerait peut-être de l'agacer ou le faire fuir.
– Merci d'être vraiment venu, Plume-ébène ! En fait... pour être honnête, je pensais que tu avais dit oui pour te débarrasser de moi...
Écho fit un léger sourire gêné, finalement ça arrivait de tomber sur une bonne personne même dans une auberge !

La jeune fille fixa le Mizutsune, se déplaçant pour l'observer de tous les côtés, mais en faisant attention à ne pas trop s'approcher, même s'il était lié avec un chasseur, on ne savait jamais, la plupart avait leur caractère... elle-même pouvait en témoigner avec Jojo et son ventre à la place de la cervelle. Passionnée par sa contemplation, Écho regarda tous les détails du monstre, son museau fin, ses nageoires fluides, et se baissa même pour regarder la forme de ses griffes. Ces pattes étaient beaucoup plus adaptées aux déplacements terrestres que celles des autres léviathans, ça se voyait facilement, mais c'était tellement mieux de le constater en vrai qu'en dessin en noir et blanc sur la page d'un bouquin. Dire qu'il pouvait cracher du savon... du savon, quand même ! Maintenant qu'elle savait que Gladio était accompagné d'un monstre pareil, elle espérait presque rencontrer un autre gros monstre juste pour pouvoir observer le Mizutsune glisser sur le sol dans ses flaques de savon. Et aussi le voir cracher son puissant jet d'eau, qui pouvait souffler des maisons comme une vague.

Accroupie par terre, Écho ouvrit l'une des petits besaces en cuir, pour attraper un calepin de poche ainsi qu'un crayon à papier déjà bien entamé. Elle feuilleta rapidement, tournant les pages couvertes de schéma pour arriver à une zone vierge. En deux et trois coups de crayon, elle reproduisit la forme des griffes avec précision, ajoutant les stries, quelques détails des doigts et des ombrages pour donner de la texture et de la profondeur au dessin. Pour elle, habituée à voir des schéma simples dans les livres, sur ses propres dessins elle préférait en faire plus, rendre le croquis réaliste, presque artistique, elle trouvait que c'était toujours beaucoup mieux à regarder que des traits de scientifiques. Concentrée sur son travail, elle avait presque oublié qu'il fallait aller chasser du Maccao pour trouver des champignons.
– Les léviathans sont vraiment les meilleurs monstres ! Tu crois que... je pourrais le caresser ? Oh, et aussi... faire un croquis de sa dentition ? S'il te plaît, ça prendra juste une minute. Et est-ce que je pourrais prendre un petit morceau de sa fourrure sur le poitrail aussi ? Juste un peu.

Le chasseur avait réuni ses affaires, et grâce au dépôt qu'il avait fait à la forge, la caravane était un peu plus spacieuse. Enfin, spacieuse comme une caravane pouvait l'être avec tout un matériel de survie et de chasse.
Lorsqu'il l'avait vu arriver, Goyave avait bondi de joie comme un véritable enfant à qui l'on aurait offert un cadeau, ce mizutsune était un véritable gamin, enfin il n'était pas si vieux non plus ce qui devait expliquer bien des choses. Il était encore jeune, fougueux et aimait bien jouer. Afin d'éradiquer son trop plein d'énergie, Gladio l'utilisait pour tracter la caravane, il avait un peu amélioré la chose afin que le mizutsune ne soit pas ennuyé par sa longueur et que sa queue ne puisse pas se trouver sous la caravane. Un glapissement heureux accompagna le chasseur tandis qu'il harnachait le léviathan.
-Aller, arrête de bouger ta queue mon grand, je vais jamais pouvoir attacher la caravane sinon.
Bien entendu Goyave ne l'écoutait pas, bien trop content de repartir sur les routes, et comme il était heureux, il gigotait dans tous les sens, couinait joyeusement et voulait se frotter contre Gladio qui tentait vainement de lui attacher sa caravane. Ce gamin était un vrai pot-de-colle en tout cas.

Au bout de plusieurs minutes de bataille pour pouvoir le harnacher correctement, le chasseur pu enfin partir vers l'endroit de la rencontre, à savoir à proximité de l'entrée des forêts et collines. La fille ne lui avait toujours pas dit comment elle s'appelait quand il y pensait, elle semblait très excitée à l'idée de partir en dehors de la ville, c'était assez surprenant mais Gladio avait l'habitude des gens passionnés, et cette enfant semblait totalement éprise par les études. En tout cas, le chasseur n'était pas du genre à considérer que les érudits devaient rester chez eux et laisser le travail aux chasseurs, c'était grâce à eux que les chasseurs pouvaient connaître les monstres et les plantes comestibles, celle permettant de faire des tranquillisants, celles pour faire divers breuvages. Le chasseur n'était pas du genre à considérer que la chasse devait être aux chasseurs seulement, tant que le travail était fait et les menaces écarter, pourquoi ce soucier de si c'était un forgeron, un cuistot ou un chasseur ?

Gladio semblait être le premier arrivé, en tout cas il ne voyait pas la jeune fille, il arrangea donc un peu l'intérieur de sa caravane et en profita pour revêtir l'armure Kecha Wacha cendré -sans le casque évidemment-, il ajusta sa grande épée rathalos. La plupart de ses armes et armures ne provenaient pas de la chasse « traditionnelle » et légale, mais de ses années de braconnage. Il avait eut de la chance qu'on les lui laisse, sûrement grâce à sa bonne conduite par la suite. Mais Gladio n'oubliait pas qu'il était mis à l'essai, et si jamais ils devaient tuer ou capturer un grand monstre, il devait en faire un rapport à la Guilde. Ces rapports permettaient à la Guilde de gardait un œil sur les chasses libres, et il y avait régulièrement des soupçons de braconnage s'ils n'étaient pas rendu. Ils concernaient uniquement les grands monstres, étant donné la grande présence des petits, la Guilde ne s'inquiétait jamais de leurs populations.
Lorsqu'il ressenti de sa caravane, Gladio aperçu la fille dont il ne connaissait toujours pas le nom mais avec qui il allait se rendre en chasse.
— Yo, salua Gladio tout en faisant un signe de la main.
Il eut à peine le temps de le saluer qu'elle le questionna sur Goyave, cette enfant était vraiment très passionnée s'amusa le chasseur en souriant.
— Il répond au doux nom de Goyave, se moqua son chasseur, le seul mot auquel il veut bien répondre quand je l'appelle.
Le mizutsune émit un jappement amusé, ne comprenant pas les paroles du chasseurs mais comprenant qu'on parlait de lui. Sa queue se balança, manquant de peu de toucher les attaches le liant à la caravane et Gladio eut le réflexe de commencer à retenir la caravane.
— Il n'est pas très vieux, et même plutôt jeune, sept à huit ans, quand je l'ai connu il était assez petit, ressemblant à peu près à un adulte, il devait tout juste quitter son nid !

Gladio remit un peu mieux la caravane et vérifia rapidement que rien n'avait bougé à l'intérieur en râlant doucement à cause de quelques renversements, mais bon, il en ressortit en se frottant les mains tandis que Goyave semblait adorer être autant le centre de l'attention.
— Dire oui pour ne pas venir ensuite ? C'est pas mon genre ça, je te l'ai dit, ça me dérange pas de venir, réaffirma de nouveau le chasseur, le but quand t'es chasseur c'est quand même d'aider les autres à la base.

L'homme barbu se passa la main dans les cheveux, les remettant en arrière, il examina le petit manège de la jeune fille. Une véritable accro aux études en fait, c'était plutôt amusant, ce n'était pas pour se moquer mais elle semblait pouvoir être distraite très rapidement par un nouveau sujet de fascination et d'excitation. Elle semblait même avoir oublié pourquoi elle était venue ici, elle n'avait d'yeux que pour le Mizutsune qui se surprenait à faire le beau.
— Je pense qu'il aime bien l'attention que tu lui donne, fit remarquer le chasseur, alors vas-y fais toi plaisir, il est plutôt docile et adore qu'on s'intéresse à lui à ce que je vois. Tant qu'il n'a pas mal ou peur ça devrait le faire.
Pour toute réponse, et comprenant qu'on parlait toujours de lui, le léviathan sembla hocher la tête plusieurs fois, attendant qu'on s'intéresse encore plus à lui.
— Tant que ses nageoires ne deviennent pas rouge et qu'il continue à agir comme un gamin y a pas de soucis, dès qu'il commence à rougir c'est qu'il en a marre, précisa Gladio, ensuite on va chercher les mandragores ?

Il flatta doucement le museau de l'animal, une vraie mascotte celui-ci quand il le voulait, et dire que c'était la même bête cupide qui lui volait son poisson grillé.
— Au fait, reprit le chasseur, je t'ai pas demandé mais c'est quoi ton prénom ?